Février 2025

Auteure : Olivia Roussel, Université de Guelph

Référence : Olivia P. Roussel, Christopher Pignanelli, Emma F. Hubbard, Alexandra M. Coates, Arthur J. Cheng, Jamie F. Burr et Geoffrey A. Power. Effects of intensified training with insufficient recovery on joint level and single muscle fibre mechanical function: the role of myofibrillar Ca2+ sensitivity. Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism. 49(12):1646-1657.

Messages à retenir

  • Des périodes d’entraînement intense suivies d’une récupération insuffisante ont entraîné une altération de la fonction musculaire au niveau des articulations et des fibres uniques.
  • Au niveau des fibres uniques du muscle, la sensibilité au calcium (Ca2+) a été altérée, ce qui a entraîné une dépression prolongée de la force à basse fréquence au niveau de l’articulation, rendant les efforts sous-maximaux plus difficiles qu’à l’habitude.
  • Une période d’entraînement intensifié cause une réduction de la fonction contractile des muscles, mais celle-ci peut être compensée par une récupération adéquate, permettant ainsi d’accroître les performances sportives grâce à une adaptation subséquente.

Contexte

  • Il est courant pour les athlètes d’augmenter leur volume d’entraînement afin de provoquer des adaptations musculaires qui se traduiront par une amélioration des performances sportives.
  • Les périodes d’augmentation du volume d’entraînement associées à un faible niveau de récupération, que l’on appelle « entraînement intensifié avec récupération insuffisante », peuvent nuire à la performance sportive et entraîner une plus grande fatigue chez l’athlète.
  • La raison pour laquelle un entraînement intensifié suivi d’une récupération insuffisante affecte la fonction musculaire au niveau des articulations et des fibres uniques, ainsi que les mécanismes impliqués, n’ont pas encore été complètement élucidés.
  • La sensibilité du muscle au Ca2+ peut indiquer dans quelle mesure le muscle peut facilement se contracter lorsque le Ca2+ y afflue; un muscle dont la sensibilité est réduite a besoin de plus de Ca2+ pour provoquer une contraction.

Comment l’étude a été réalisée

  • Quatorze sportifs d’occasion faisant de l’entraînement à l’endurance (4 femmes et 10 hommes) ont suivi un protocole d’entraînement intensifié de 4 semaines.
  • Les participants ont été invités à effectuer 70 % de leur volume d’entraînement normal pendant la première semaine, puis, pendant les 3 semaines suivantes, jusqu’à 150 % de leur volume d’entraînement normal, notamment 3 séances supplémentaires d’entraînement à haute intensité par semaine.
  • Des tests neuromusculaires des extenseurs du genou au niveau de l’articulation (contractions maximales volontaires isométriques, brèves contractions induites par une stimulation électrique et développement d’une courbe force-fréquence) ont été réalisés avant et pendant la période d’entraînement intensifié.
  • Des biopsies ont été prélevées sur le muscle vaste latéral avant et après la période d’entraînement intensifié afin de mesurer la production de force et les propriétés mécaniques des fibres uniques dans des solutions présentant différentes concentrations de Ca2+.
  • Les fibres uniques ont ensuite été classées en fonction de leur phénotype (« lentes » ou « rapides ») afin de mettre en évidence les différences de propriétés mécaniques selon le type de fibres après une période d’entraînement intensifié.

Ce que les chercheurs ont découvert

  • La production de force maximale est demeurée inchangée au niveau des articulations et des fibres uniques après une période d’entraînement intensifié.
  • La production de force sous-maximale a été réduite au niveau de l’articulation, comme le montre le développement d’une dépression prolongée de la force à basse fréquence, ce qui souligne qu’il faut plus de force pour produire des mouvements sous-maximaux ou pour compléter les séances d’entraînement.
  • Le mécanisme à l’origine des changements à la production de force sous-maximale au niveau de l’articulation peut être attribué en partie aux réductions de la sensibilité au Ca2+ qui se sont produites au niveau des fibres uniques et qui ont entraîné une diminution de la fonction contractile à des niveaux sous-maximaux.

Conclusion

  • Cet article souligne qu’une augmentation du volume d’entraînement sans hausse du temps de récupération peut entraîner des altérations musculaires, faisant paraître les séances d’entraînement plus difficiles en raison des changements au niveau des fibres uniques et pouvant diminuer les performances sportives, si elle est poursuivie à long terme.
  • D’autres travaux devraient être menés pour déterminer le mécanisme responsable des changements observés à la sensibilité au Ca2+ des fibres musculaires uniques après une période d’entraînement intensifié suivie d’une récupération insuffisante.