Mai 2024

Adrian Betts.
Baccalauréat en physiologie de l’exercice clinique, maîtrise en santé mentale (B. Phys. Ex. Cl., MA en santé mentale)
Affiliation : Société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE)

Référence :

Filbay, S. R., Dowsett, M., Jomaa, M. C., Rooney, J., Sabharwal, R., Lucas, P., Heever, A. V. D., Kazaglis, J., Merlino, J., Moran, M., Allwright, M., Kuah, D. E. K., Durie, R., Roger, G., Cross, M., & Cross, T. (2023). Healing of acute anterior cruciate ligament rupture on MRI and outcomes following non-surgical management with the Cross Bracing Protocol. British Journal of Sports Medicine, 57(23), 1490-1497. 

Messages à retenir 

  • Le ligament croisé antérieur (LCA) a la capacité de se réparer après une rupture complète si les bonnes conditions sont réunies, par exemple si les extrémités déchirées restent proches l’une de l’autre et si le mouvement du genou est réduit après la blessure.
  • Le Cross Bracing Protocol (CBP) [Protocole de l’attelle de Cross] augmente les probabilités de guérison par une immobilisation du genou à 90 degrés de flexion pendant une durée déterminée, suivie d’une augmentation lente et progressive de l’amplitude de mouvement permise sur une période de 12 semaines.
  • Ce protocole offre une méthode non chirurgicale efficace pour guérir le LCA et retrouver la fonction sportive et du genou d’avant la blessure.

Contexte 

  • Des études ont montré que, contrairement à la croyance populaire, une rupture du LCA peut se guérir d’elle-même.
  • Un problème survient dans le processus de guérison si les sites de rupture du LCA sont trop éloignés, ce qui entrave la capacité des nouveaux tissus à combler l’écart.
  • Lorsque le genou est à 90 degrés de flexion, les points d’origine et d’insertion du LCA sont au point le plus rapproché, ce qui augmente le potentiel que de nouveaux tissus guérissent le LCA endommagé.

Comment l’étude a été réalisée 

  • 80 personnes, soit 31 femmes et 49 hommes, âgées de 10 à 58 ans (âge moyen de 26 ans) ont participé à l’étude.
  • La rupture du LCA a été confirmée par imagerie par résonance magnétique (IRM), et les patients étaient acceptés s’ils se présentaient dans les 4 semaines suivant la rupture et s’ils étaient fonctionnellement capables de gérer la période d’immobilisation du genou.
  • Les patients étaient exclus du CBP si les lésions structurelles nécessitaient une intervention chirurgicale.
  • Les patients se sont fait proposer le CBP, une reconstruction du LCA (RLCA) précoce ou une réadaptation non chirurgicale avec possibilité de RLCA différée. Sur 117 patients, 80 ont choisi le CBP, 5 n’étaient pas admissibles au CBP et 32 ont choisi une RLCA précoce en raison d’un type de rupture du LCA qui risquait de produire un résultat sous-optimal, ou pour des raisons personnelles telles que des besoins sportifs ou professionnels, et l’accès à une assurance privée.
  • Le protocole de 12 semaines consistait à installer sur le genou une attelle le maintenant en flexion à 90 degrés pendant les 4 premières semaines, puis à augmenter progressivement l’amplitude de mouvement dans l’attelle.
  • Au cours de la même période, les participants ont suivi un protocole de réadaptation comprenant des séances de thérapeutique manuelle, de renforcement musculaire et de réentraînement à la marche.
  • Les résultats mesurés étaient la guérison du LCA démontrée par IRM (3 et 6 mois), la fonction autodéclarée du genou (7 à 16 mois), la qualité de vie liée au genou (7 à 16 mois) et la laxité passive du genou : test de Lachman (3 mois) et test du ressaut rotatoire (6 mois), et retour autodéclaré au niveau sportif antérieur à la blessure après 12 mois.

Ce que les chercheurs ont découvert

  • Lors du suivi à 3 mois, 90 % (n = 72) des participants présentaient un LCA continu et un niveau de 1 ou 2 (0 = ligament normal; 3 = ligament absent ou discontinuité complète). Huit participants présentaient un niveau 3, parmi lesquels 6 avaient le LCA attaché à la paroi latérale ou au ligament croisé postérieur.
  • Le niveau 1 était associé à une amélioration de la qualité de vie, à une meilleure fonction du genou, à une plus grande probabilité de reprise du sport et à une réduction de la laxité du genou.
  • 11 participants ont subi une nouvelle lésion du LCA entre 5 et 18 mois lors de leur reprise du sport. L’un d’entre eux a opté à nouveau pour le CBP, ce qui a mené à un niveau 1, tandis que 9 participants ont opté pour une reconstruction chirurgicale.
  • 5 participants ayant suivi le CBP ont souffert de lésions de surmenage du membre controlatéral lors du retrait de l’attelle, telles qu’une tendino-bursite de la patte d’oie, une tendinopathie des ischiojambiers et une douleur fémoro-patellaire.

Conclusion

Le LCA peut guérir s’il est traité dans les 4 semaines suivant la blessure. Le CBP contribue à ce processus de guérison en ramenant les tissus du LCA à leurs points les plus rapprochés et en augmentant progressivement l’amplitude de mouvement jusqu’à ce qu’elle soit normale. Ce protocole constitue une méthode non chirurgicale efficace pour guérir le LCA et retrouver la fonction sportive d’avant la blessure.